EXPOSITION 2008

Exposition été 2008

Villégiatures à Combloux

Le grand Hôtel PLM du Mont Blanc

Affiche expo 2008

Du 13 juillet au 21 septembre 2008.

Cet été le Musée de la pente présentera, dans la toute nouvelle salle d’exposition de la Ferme à Isidore, une exposition consacrée à la fabuleuse histoire du Grand Hôtel PLM du Mont Blanc et au début du tourisme à Combloux.

La construction de ce palace de luxe à la veille de la 1ère Guerre Mondiale va signer l’entrée précoce du village dans l’aventure du tourisme.

D’abord édifié en 1912 par un richissime particulier Suisse pour les saisons estivales, l’hôtel du Mont-Blanc fut racheté en 1923 par la société de chemin de fer PLM qui modernise et agrandit le bâtiment, triplant ainsi ses capacités d‘accueil.

Combloux l'été : Un parc, de l'air frais, des excursions, des tennis, un golf… La résidence qui offre aux familles tous les agréments d'une propriété privée joints à ceux d'un hôtel de classe" ;

mais aussi dès 1923, Combloux l’hiver : « Du  soleil, des champs de neige, des pistes de luge, des pistes de curling, une patinoire éclairée…Tous les avantages d'un grand centre de sports d'hiver dans une agréable station de calme et de repos."

L’hôtel deviendra une étape phare de la route des Alpes, attirant ainsi une clientèle de luxe et de personnalités du monde diplomatique, sportif ou encore industriel. Combloux découvre alors le tourisme sous sa forme la plus étourdissante, sa plus révolutionnaire facette: l'hôtellerie de luxe…

L’exposition réunira des archives, des photographies, des documentaires vidéo, du mobilier, témoins de cette époque fastueuse.

Inédit : des tirages photographiques encore jamais vus des intérieurs de l’hôtel, de sa clientèle et des grandes soirées de réception… d'Albert SALMONA (1898-1988), principal photographe du Grand Hôtel entre la fin des années 20 et 1940.

Le rachat de l’hôtel du Mt Blanc par la compagnie PLM

 

Tableau plm avec my blanc en fond 1

 

Un projet qui répond aux objectifs de la Compagnie PLM

La compagnie du PLM, qui souhaite valoriser son service automobile de la Route des Alpes, cherche à établir des relais et des buffets dans un environnement privilégié.

Dès 1920, elle décide d’investir dans l’organisation d’un hôtel-restaurant à Combloux. Sur un domaine de 10 hectares est projeté un immeuble de grand confort de 200 places, offrant de multiples services : un golf, des tennis, une patinoire…

L’Hôtel du Mont Blanc de Mr Phyl Provence est racheté courrant mars/avril de l’année 1921. La Compagnie PLM opère dans un premier temps plusieurs transformations sur le premier palier de l’hôtel. Elle ajoute côté N/E deux grandes terrasses et fait bâtir une majestueuse salle de restaurant ouvrant, par de grandes baies vitrées arrondies, sur le panorama de la chaîne du Mt Blanc et des Fiz.

Coté route nationale, elle ajoute de nouvelles salles et agrandit l’ensemble des fenêtres.

A partir de 1923, la Compagnie PLM décide des grands travaux d’agrandissement du bâtiment et acquiert plusieurs hectares de terrain ceinturant l’hôtel pour l’extension de son parc privé. Différentes annexes pour le logement du personnel sont acquises, d’autres seront construites par la Compagnie elle-même.

 

Phto plm avec mt blanc en fond

 

La Compagnie PLM prévoit également la construction de deux chalets, annexes de l’hôtel, pour la location privée.

Le financement des travaux se réalise par une série d’actions souscrites au titre du domaine privé et par l’octroi de subventions au titre des services de correspondance ferroviaire.

Dans un article publié par la Revue du Touring Club de France, Henry Defet mentionne que le PLM, qui détient 100 000 Frcs d’actions dans l’affaire, subventionne l’hôtel à hauteur de 200 000 Frcs par an.

Il précise également que l’hôtel de Combloux, « sera au point de contact de tous les services d’autocars de la Haute-Savoie ». L’hôtel accueillera des pensionnaires pour des longs séjours et il deviendra également une étape restaurant et hébergement pour la clientèle de la route des Alpes. Les pensionnaires de l’hôtel pourront constituer « un réservoir précieux de clientèle » pour les services d’autocars. De même que les touristes de la Route des Alpes, séduits par l’étape, seront peut-être de futurs clients pour l’hôtel.

Revue D’histoire des chemins de fer (N°2, série N°3)

La compagnie PLM s’attache à faire de son hôtel à Combloux, une résidence modèle pour la qualité du confort et du service. Le « Grand palace » sera à la hauteur de cette clientèle attendue.

 

Presentation palace gd hotel plm

Les travaux d’agrandissement du bâtiment

La Compagnie PLM confie les travaux à l’architecte annecien de haute renommée Fleury Raillon*.

Au cours des années 1923 et 1924, Raillon réalise au Sud/Est de l’ancien bâtiment, de remarquables agrandissements dans un style art nouveau.

Le béton armé, l’emploi dominant du bois, les balcons couverts, les fortes saillies des toitures se marient parfaitement au granit, à la chaux et au fer forgé de l’ancienne partie. L’hôtel prend alors des allures colossales tout en conservant sa grâce architecturale première. « Une architecture qui s’accorde si bien au paysage alpestre » : cf revue « Architecture » de 1934.

L’hôtel, désormais d’une superficie totale de 3000m2, quadruple ses capacités d’accueil et offre aux nombreux touristes tous les conforts. Il passe de 4 à 5 étages et de 50 chambres à 200 chambres avec eau courante, chaude et froide et 60 salles de bains.

Un escalier à double volée permet d’accéder aux étages, ainsi qu’un ascenseur.

L’ensemble du bâtiment est chauffé par une chaudière centrale brûlant plus de 180 tonnes de charbon par an.

La Compagnie privilégie également l’agrément des salons, des halls et des salles à manger, ouvertes à grand renfort de baies et de vitrages sur le panorama du Mont-Blanc.

Elle prolonge et agrandit les terrasses de l’ancienne partie et crée en rez-de-jardin, exposées Sud/Est, des salles de réception et une cafétéria qui invitent la clientèle à la flânerie dans le parc. Ce dernier est aménagé de petits sentiers et abondement arborisé.

Dans les sous-sols, les cuisines, situées côté Nord/Est, sont aménagées avec d’imposants plans de travail. D’autres salles sont réservées à la boucherie, à l’économat, aux caves à vin... En guise de frigo, la compagnie fait installer une glacière alimentée par une centrale à l’ammoniaque. Ce système révolutionne la période de livraison des pains de glaces taillés dans les glaciers de Chamonix.

Soucieux de l’hygiène, la Compagnie PLM fait construire un four pour brûler les ordures ainsi qu’une station d’épuration privée.

L’ensemble de cette réalisation est une réussite pour la Compagnie PLM.

Le grand Hôtel PLM du Mont-Blanc ouvre ses portes au cours de l’année 1924 et reste désormais opérationnel presque toute l’année… Il annonce les prémices de la saison hivernale pour le village de Combloux.

* Fleury Raillon : Architecte départemental de la Haute Savoie de 1898 à 1938, il fut aussi conseiller municipal de la ville d’Annecy puis architecte des monuments historiques. Parmi les travaux les plus remarqués nous citerons, les églises de Châtel et de Saint Sylvestre, les hôpitaux de Morestel et de Bonneville, de nombreuses villas régionalistes dont les villas de La Bréventière, de la Grande Savoyarde... Il est aussi auteur de l’hôtel de ville de Cluses à la suite de l’édification duquel, en 1903, il fut nommé officier d’Académie. Pour la compagnie PLM, il réalisera également l’agrandissement de l’Hôtel PLM du Mt Revard en 1924.

 

 Extrait catalogue exposition 200

La vie au Grand Hôtel PLM du Mont Blanc

 

Avec la Compagnie PLM les nouveautés sont nombreuses. Dès 1924, Combloux s’affiche comme une station de première classe, « une étoile de première grandeur ».

 

Si les premiers attraits recherchés par la clientèle sont  « le bon air pur », la « promenade », le « point de vue » ou  le « soleil » qu’offre l’hôtel, sa renommée n’aura bientôt plus d’égale.  

 

En 1927 le nombre séjournants annuels dans la station atteint les 2700, dont 2200 pour le Grand Hôtel.

 

Une clientèle de haut standing

Les visites de personnalités internationales du monde sportif, diplomatique, aristocratique ou industriel se succèdent au Grand hôtel et enrichissent sa renommée. On y côtoie le « tout Paris »…

François Coty le richissime et célèbre parfumeur parisien,  Louis Barthou, président du Conseil en 1913, de nombreuses fois ministre entre 1917 et 1929 et ministre des affaires étrangères en 1934, l’académicien Abel Bonnard, futur ministre de l’éducation sous le gouvernement de Vichy en 1942, le banquier Maurice Schlumberger, l’Amiral Lacaze, ministre de la marine puis de la guerre en 1917, le général Mordacq, chef de cabinet au ministère de la guerre de Georges Clemenceau durant le 1er confit mondial, la princesse de Rouffignac (vieille famille aristocratique du Limousin), le riche chef d’entreprise inventeur des ampoules Visseaux de Lyon, la famille Du Plessis, l’empereur d’Indochine, Bao Daï, amateur de tennis et de golf, Paul Hymans, ministre d’Etat belge et premier président de la Société des Nations en 1920…..

L’industriel Michelin, des célèbres pneus clermontois du même nom, prendra pour habitude de séjourner tous les ans avec sa famille dans l’un des chalets privés de l’hôtel.

Cette clientèle fortunée fréquente le Grand Hôtel pour de longs séjours pouvant aller jusqu’à plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Elle arrive à bord de voitures rutilantes : Buick, Delahaye, Talbot, Hotchkiss… Bien souvent, elle est accompagnée de son personnel particulier. Chauffeurs et nourrices (chargées de s’occuper des enfants), sont alors logés dans des hôtels secondaires à proximité du Grand hôtel.

 

Navette plm

 

La vie  de l’hôtel est animée par de grandes soirées

Le soir, les salles de restaurant, ornées de décors mobiles et variables offrent de somptueux dîners. Hommes et femmes revêtent leurs plus beaux vêtements, affichant tous les  luxes vestimentaires de la mode urbaine.

Les soirées se poursuivent par des spectacles en tous genres : des pièces de théâtres assurées par les employés de l’hôtel, des bals costumés animés par les rythmes enjoués de l’orchestre ou encore des séances de cinéma…

Les photographies d' Albert SALMONA  sont un témoignage précieux de l’effervescence de ces soirées et de la folle ambiance parisienne au sein de l’hôtel.  

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Les activités proposées : un luxe à la hauteur de la clientèle attendue

Pour le divertissement de ses hôtes, la direction propose de nombreuses activités et un programme d’animation conséquent.

 

Combloux l’été, du 15 juin au 1 octobre :

« Un parc, de l'air frais, des excursions, un golf… » *

Le parc de 10 hectares qui entoure l’hôtel est composé d’agréables sentiers ombragés et d’une roseraie qui permettent aux résidents de flâner.

La Cgnie PLM fait installer dans son parc un golf d’un parcours de 5 trous. Il attire de nombreux touristes anglais, épris de ce sport.

Deux courts de tennis sont créés. La direction y organise régulièrement des concours internationaux.

Sur les terrasses de l’hôtel, au rythme de thés dansants, les clients admirent « le Mont Blanc qui apparaît dans toute sa gloire depuis le Grand Hôtel PLM »*. Une lunette et une table d’orientation du Tourning Club de France, permettent d’explorer et de comprendre l’organisation du grand massif.

Par l’intermédiaire de son service automobile, la compagnie propose des excursions à la journée à destination de Chamonix, St-Gervais, Annecy, Evian…

Le grand Hôtel  « offre aux familles tous les agréments d'une propriété privée joints à ceux d'un hôtel de classe… »*.

 

Combloux l'hiver : du 20 décembre au 1 mars.

Equipé d’un système de chauffage performant, le Palace assure désormais la saison d’hiver.

 « Du soleil des champs de neige, des pistes de luge, des pistes de curling, une patinoire éclairée… »*

L’hôtel va proposer « tous les avantages d’un grand centre de sports d’hiver dans une agréable station de calme et de repos»*. 

Combloux va découvrir ses premières saisons hivernales…

Pub hiver plm

Les premières saisons d’hiver à Combloux

Jusqu’au début du XXème siècle, touristes et villégiateurs ne fréquentent la région que pendant la période estivale.

Ces fréquentations s’associent bien souvent aux cures de thermalisme. La belle saison passée, les bourgs et les villages retrouvent le rythme de leur vie traditionnelle et le temps de l’isolement hivernal.

 

Les saisons de 1919-1920 et 1920-1921, font de Megève la première des stations de sports d’hiver. Avec les Jeux Olympiques d’hiver organisés à Chamonix en 1924, les villages se modernisent, surtout en équipements hôteliers : chauffage central, eau chaude, téléphone…

On poursuit l’assaut de la montagne, non plus par le rail, mais par le câble. Pas moins de 12 téléphériques se construisent entre 1927 et 1936 dans les Alpes du nord, dont 10 en Haute-Savoie.

Vue plm avec arravis en fond

Les premiers hivernants de l’Hôtel ....

Si la fréquentation de l’hôtel est plus active en période estivale, la saison d’hiver commence, grâce à la Compagnie PLM, à prendre de l‘importance et à annoncer les prémices de la grande aventure de la neige.

 

En 1923, l’aménagement technique des abords de l’hôtel est déjà très poussé et peut suffire à ceux qui veulent se livrer aux joies de la neige dans une tranquille indépendance, au calme de la grande nature. Les cours de tennis sont en hiver convertis en patinoire avec anneau de vitesse et pistes de curling. Les clients jouissent librement des champs enneigés pour la luge ou la marche. A 10mn à pied, au-dessus de l’église, un excellent champ de neige se prête aux évolutions des premiers skieurs.

Pour satisfaire ses hôtes, le Grand Hôtel, en collaboration avec le Syndicat d’Initiative, organise de nombreuses festivités. Ainsi pour le programme des sports d’hiver de la saison 1928/1929 on trouve :

 

Excursions à ski, promenades en traîneaux, ouverture des pistes de luges et de toboggans sur le domaine de la Balancerie, aménagement et essais au tremplin de saut, grande semaine du ski en janvier, courses de vitesse et courses de fond pour toutes catégories, concours de constructions en neige, courses de chiens attelés, concours de slalom, fête et concours des hôtel…

 

Le 19 janvier 1929 Andrée Joly et Pierre Brunet, champions des Olympiades de Saint Moritz en patinage, ont présenté leurs chorégraphies à la clientèle du Grand Hôtel PLM dans le cadre féerique de sa patinoire.

 

La même semaine, le champion de ski français Kléber Balmat exécuta des exhibitions de saut à ski.

 

Des courses régionales de bobsleighs sont organisées au départ de Combloux sur la route nationale, avec l’arrivée à Sallanches.

Les bobsleighs sont remontés avec des chevaux par les paysans de Combloux.

 

Sur le guide Michelin de 1935, il est mentionné que l’hôtel P.L.M de Combloux est considéré comme l’une des plus luxueux des stations des Alpes du Nord.

 

Dans l’article de presse de A. Hertig «  De l’évolution des Sports au Pays du Mont-Blanc, l’auteur mentionne que :

Combloux est la seule station qui comme sa voisine Suisse la Junfrau a introduit les derbys de chiens comme corollaires des sports de la neige » sur le Vieux Continent européen. Il est précisé que « cette station, tout comme aux Etats-Unis et au Canada, a su donner une place prépondérante au toboggan, sport frénétique si il en est un… »

Gazette du Mont Blanc du 1er février 1930

Teleski plm

L’installation du premier téléski

A Combloux le ski est pratiqué bien avant la guerre 14-18. Ainsi les comblorans Félix et Joseph Perinet mais également Séraphin Socquet-Juglard et Hubert Ducrey dévalent les pentes enneigées du village sur un matériel confectionné par eux mêmes.

 

A partir des années 20, les premiers moniteurs de Combloux comme Rémy Socquet ou Fernand Marin se tournent vers la station de Megève pour parfaire leur technique (la méthode de l’Arlberg puis d’Emile Allais) et offrent leur service à la clientèle de l’hôtel. Ils enseignent le ski alpin, le ski de fond, le saut et proposent des randonnées.

 

Combloux a désormais besoin d’une remontée mécanique. Megève possède déjà un téléphérique et un remonte pente construit selon le modèle suisse « Constam ». Au cours de l’année 1935, une équipe d’ingénieurs de la Compagnie PLM qui dispose de bureaux d’études et de moyens de fabrication, conçoit et usine un remonte pente alimenté par courant électrique, à partir du modèle de Megève sans en avoir l’autorisation.

 

Le téléski est implanté aux abords de l’ancienne route de Combloux – Megève au dessus de l’église (actuellement au niveau du chalet le Téléski) ; Long de 800 m, l’appareil se déroule sur 200m de dénivellation en direction du village d’Ormaret.

 

Ce premier engin de traction skieur, conçu dans l’illégalité aura entraîné sur menace d’huissier un démontage nocturne. Les ingénieurs de la Compagnie se remettent à l’étude et conçoivent le système à « brassière » qui équipera par la suite plusieurs téléskis à Chamonix ou au Revard… Le skieur enfilait ses bras dans une brassière directement reliée au câble, sans ressort amortisseur. Une publicité passée dans la revue du ski de Noël 1936 vante les attraits de ces nouveaux téléskis :

 

« Comme dans un fauteuil, sans effort, sans chute, vous remonterez les plus longues pentes

grâce aux téléskis des hôtels du PLM »

 

Dès Noël 1935, le téléski est inauguré pour le plus grand plaisir de la clientèle. Une dizaine de moniteurs y enseignent le ski et s’organisent en école de ski.

 

Malgré quelques imperfections, le téléski fonctionnera de 1935 à 1939, jusqu’à la guerre.

 

Grâce à la Compagnie PLM et à son Grand Hôtel du Mont Blanc, Combloux fera partie des premières stations à être équipées d’installations hivernales.

Ski plm